Le fil perdu d’Icare, 2001
Entre deux plaquettes de verre, un bout de fil retrace en boucles la coupe d’un corps humain. Les coupes empilées reconstituent ainsi le volume simplifié d’un corps. Celui-ci s’arrête à mi-cuisse en plan moyen. Il n’est visible que de biais. De face, il disparaît.
La fragmentation, l’isolement de l’échantillon et la mise en observation peuvent suggérer le regard scientifique ou analytique ou plus largement mental, et sa logique de conservation.
L’opération de séparation empêche de voir. La quantité aussi.
« Plus on cherche à voir net, plus on s’éloigne de ce qui est à l’origine de ce qu’on voit » (De Vinci)
D’Icare, on se représente les ailes plus que le fil qu’on attribue plutôt à Ariane et Thésée. Il y a donc un transfert d’élément symbolique entre les deux mythes qui ont pour lieu commun le labyrinthe et tension commune la sortie de ce labyrinthe. Le fil d’Ariane constitue là le corps d’Icare. Le corps comme jeu d’un seul brin continu de substance. Il est coupé à cause d’un mélange tragique d’oubli et d’orgueil. Il équivaut à la cire fondue des ailes greffées. Les ailes d’Icare sont dans le fil d’Ariane.